MONOGRAPHIE de L’église Notre-Dame de La Ferté-Alais parLe Chanoine DESGRANDCHAMPS Curé Doyen de La Ferté-Alais (1929)
L’église de La Ferté au XIème Siècle:
Au XIème siècle, l’église primitive de Notre-Dame avait l’étendue de l’église actuelle, qui lui a superposé ses modifications
Longue de 43 mètres, large de 9 m. 80 dans la nef et le chœur de 22 mètres au transept, elle avait déjà la forme de croix latine sans bas-côtés, orientée de l’ouest à l’est. Elle avait l’aspect des basiliques primitives et était couverte en charpente d’un bout à I’autre. La ligne de faîte des murs primitifs, plus haute dans le chœur que dans la nef, se voit encore dans presque tout e pourtour intérieur de l’église, à l’endroit où ils ont été surélevés.
Il nous en reste comme témoins les petits contreforts extérieurs qui comme toute la partie inférieure qui subsiste, sont construits en calcaire coquillier (débris de coquillage enchevêtrés), tandis que les modifications et additions du siècle suivant sont en pierre dure et poreuse, sans aucune trace organique, extraite des carrières du Tertre, au-dessus de La Ferté, à l’exception des chapiteaux qui sont en calcaire du Parisis.
La nef offrait quatre travées au lieu des trois actuelles; ces travées correspondaient à l’écartement des petits contreforts, avec une fenêtre à chaque côté, à chaque travée ;la façade comportait trois, fenêtres semblables, une au milieu entre les deux petits contreforts et une de chaque côté de ces contreforts; on voit encore celle de droite qui a été bouchée.
Les deux croisillons (bras) du transept avaient des fenêtres semblables à celle de la nef. L’abside a conservé la partie supérieure de ses anciennes fenêtres cintrées, qu’on a raccourcies pour percer en dessous d’autres fenêtres plus grandes, donnant plus de lumière.
Les portes faisant communiquer le chœur avec les absidioles ont été bouchées. En dehors du portail d’entrée, on pénétrait dans l’église par une porte pratiquée dans le milieu de la quatrième travée septentrionale de la nef, derrière le banc d’œuvre. On en voit la face externe dans la cour de la poste. Ses piédroits, son linteau monolithe, son arc en plein cintre sont en calcaire coquillier. Au-dessus, on voit le plein cintre d’une fenêtre du XIème siècle, qui a été bouchée. Cette porte fut condamnée à la construction du cloître.
Le croisillon sud garde aussi les traces d’une porte qui a été murée.
Notre église au XIème siècle était telle qu’est encore l’église analogue de Saint Etienne de Beaugency qui na pas été modifiée.
De ce qu’étaient l’ancien clocher et les absidioles, il ne reste nulle trace; ils sont entièrement en pierre du Tertre du siècle suivant.
Le Prieuré du XIIème siècle:
La donation des églises de la Ferté à l’Abbaye de Morigny par Guy Troussel et Adélaïde, vers 1095, fut confirmée en 1120 à Yèvre-le-Chatel par Louis VI, en 1145 à Orléans par Louis VII et en 1182 à Paris, par Philippe-Auguste.
Le premier soin de l’abbé Morigny fut d’ériger en prieuré l’église Notre-Dame de la Ferté.
L’abbaye de Morigny, d’abord établie à Etréchy, ensuite à Morigny en 1082 était une colonie de moines du prieuré bénédictin de Saint Germer de Fly (Oise); elle devint une abbaye autonome en 1106 (arrêt de Philippe Ier) relevant du diocèse de Sens. C’est à ses abbés Thomas. Macaire et Thouin (disciple de Suger), qu’est due la transformation de notre église de 11Î7 à 1140 (nef, transept, abside et clocher, sauf la flèche qui est de 1165).
Le service d’un prieuré comprenait une communauté d’au moins trois religieux dont le Supérieur s’appelait prieur et dépendait de l’abbé, qui était comme son évêque régulier, réserve faite des droits de l’évêque diocésain ou séculier
Les religieux de la Ferté devaient desservir les deux églises qui figurent comme paroisses distinctes jusqu’en 1801. Nous avons encore des vestiges de leur maison qu’on appelle le prieuré rue Notre-Dame, avant la rue Sainte-Barbe Elle fut reconstruite au XVIème siècle, mais ses grandes fenêtres ont perdu leurs meneaux cruciformes (montants et traverses).
Entre 1144 et 1148, l’abbé Thouin fit établir un cloître entre la maison du prieur, la nef et le croisillon nord (travée de la chapelle Saint- Joseph), avec une grande cour surélevée en terrasse du côté du clocher. Du cloître on entrait dans l’église, soit par la porte (actuellement bouchée) qui est à gauche du confessionnal, soit par la porte au niveau de la terrasse (à gauche de l’autel Saint Joseph), au moyen d’un escalier de bois qui descendait dans l’église. Un escalier de pierre, à l’angle ouest du croisillon faisait communiquer la cour avec le cloître. Près de la porte basse qui donnait accès du cloître dans l’église, on voit encore une armoire à livres ménagée dans le mur, encadrée d’une feuillure avec rainures pour tablette en bois (cour de la poste).
A la fin du XVème siècle l’abbaye de Morigny étant tombée en commende, les Bénédictins qui desservaient les églises de La Ferté rejoignirent ceux de Morigny et le prieuré de La Ferté devenu simple bénéfice sortit de leur congrégation (avec le revenu, la commende donnait le droit de gérer par soi-même ou par un autre).
En 1690, à l’issue de l’administration de Jean-Baptiste du Sauzay, dernier prieur commendataire, le prieur redevint régulier: le titulaire fut un des religieux de Saint Germain des Prés et les revenus en furent rattachés à la mense de cette abbaye jusqu’à la Révolution.
Ressources:
La première transformation de notre église date de la Dédicace de l’église abbatiale de Morigny, qui fut célébrée le 2 octobre 1119, époque ou l’abbaye reçut d’importantes donations.
En 1117 sur la prière de l’abbé Thomas, Louis VI avait accordé à l’abbaye une foire commençant à l’octave de la Pentecôte et durant toute la semaine jusqu’au dimanche suivant, avec tous les droits de justice et de coutumes appartenant au roi sur cette foire. Le roi avait cédé également à l’abbaye sa foire d’Etampes qui tombait dans cette même semaine et ordonnée de la transférer à Morigny (Luchaire Louis VI).
En 1120 à Yèvre le Châtel, Louis VI ajoutait aux libéralités de Philippe 1 er qu’il confirmait, des franchises et des concessions nouvelles. Il ne faut pas oublier non plus qu’on était au temps de la comtesse Adélaïde qui non sans raison ,a donné son nom à la Ferté.
L’abbaye de Morigny avait donc des fonds.
Or en plus Thierry Galeran, chapelain et conseiller du roi, garde du trésor royal, avait fait au prieuré de La Ferté don du village et des terres du Saussaye. Les redevances de ce temps là n’étaient pas plus lourdes qu’à présent, et les paysans disaient: «<Il fait bon vivre sous la crosse ».
Plus tard quittant la cour, pour entrer au Temple, Thierry Galeran reprit ses biens, mais donna en échange au prieuré de La Ferté, dix livres d’argent, sur trente que le Temple percevait annuellement sur le cens royal d’Etampes. (Chronique de Morigny, édition Mirot p. 82).
Ouvriers:
A cette époque s’étaient constituées les confréries ou associations d’ouvriers qui, sous le nom de Logeur du bon Dieu et Francs Maçons (nom au sens bien changé !), s’employaient à recouvrir la France d’un blanc manteau d’églises et de cathédrales merveilleuses.
Quant aux architectes et ingénieurs ils étaient fournis par l’admirable phalange de ces savants bénédictins qui avaient des abbayes et des prieurés sur tout le territoire et qui se communiquaient leurs inventions sans penser à les faire breveter (L’ancien abbé de Morigny, Thiou (1109) fut abbé de Saint Crépin de Soisson de ll18 à 1130)
Le ministre de Louis le Gros, Suger, le grand abbé bénédictin de Saint Denis, ancien prieur de Toury, était bien placé, pour encourager et soutenir leurs efforts; il s’intéressait aux constructions opérées par les abbés de Morigny, il devait s’en inspirer pour son église de Saint Denis. C’est lui qui donna pour abbé à Morigny, son disciple Thouin. La Ferté devait en bénéficier.
Suger fut élu abbé de Saint Denis en 1123. Cette année-là, il traita pour éteindre un droit d’avoinerie exercé sur la terre de Toury par les seigneurs de La Ferté-Alais.
En 1121, il avait fondé à Essonnes un nouveau prieuré bénédictin: Notre Dame de la Victoire. La Ferté, à égale distance d’Essonnes et de Morigny, ne fut pas sans recevoir la visite de Suger.
L’église de La Ferté au XIIème siècle.
L’église de La Ferté au XIIème Siècle:
La Nef (navis, vaisseau):
De 1120 à 1130, on fit la nef telle qu’elle est maintenant; vers 1140,le transept (le travers) le chœur (où l’on chante), et le clocher; la flèche terminée en pomme de pin.
Ce qui se faisait en Ile de France et en Bourgogne inspira nos architectes, ils adoptèrent le croisement des ogives de l’Oise et une nef plus élevée que le chœur comme en Bourgogne; ils combinèrent la voûte en berceau brisé de la Bourgogne avec le croisement des ogives de l’Oise. D’où le nom de croisée donné à la travée et de croisillons aux bras de la croix latine (De là, les fenêtres furent appelées aussi croisées).
Il fallait suppléer au manque de bas-côtés pour épauler les voûtes.
Pour recevoir et supporter sur un appui solide les arcs parallèles (doubleau d’un piller à celui d’en face), les nervures des arcs diagonaux ou croisés et les arcs pariétaux (formerets soutenant la voûte à son départ des murs), il fallut construire, de fond en comble, de nouvelles piles, à base bien assise et couronnement approprié. Les fenêtres du XIème siècle furent bouchées, et, de chaque côté, à partir de l’angle de la façade, on relança de fond trois piles massives que l’on éleva, comme les anciens murs en blocage, à une hauteur presque double de celle des contreforts primitifs.
Partageant la nef en trois travées au lieu de quatre; ces piles comprennent, à
l’extérieur, un épais contrefort en gros moellons du Tertre, qui va jusqu’à la corniche en s’amincissant par des glacis (glace penchée), et, à l’intérieur, un pilier à triple (piliers d’entrée) ou double pilastre chanfreiné (arêtes abattues) faisant ressortir une colonne à chapiteau feuillagé dont le tailloir (tablette sur dés) se prolonge en ressauts sur la couronne du pilier.
La colonne reçoit l’arc doubleau: le ressaut voisin reçoit un arc diagonal (gros Tore, nervure ronde de O m. 26 de diamètre): le deuxième ressaut supporte le formeret, qui ogive les murs au-dessus des fenêtres au point de départ de la voûte.
A la troisième travée, les retombées du transept se faisant plus bas que dans la nef, les formerets et les arcs diagonaux reposent sur une console engagée dans le pilier du transept et dans le mur.
La clef des arcs croisés (clef de voûte), à 12 mètres au-dessus du sol, est plus
haute que celle des doubleaux et formerets. Seule, elle est marquée dans toute l’église par une fleur ronde minuscule de primevère; dans la travée de la chaire, c’est une fleur un peu plus large entourée de ses feuilles.
Comme celles des autres parties de l’église, les colonnes de la nef reposent sur des bases formées d’un tore cylindrique et d’un second en quart de rond à griffes, séparés par une moulure creuse (scotie). Le soc comme celui des pilastres est coupé en glacis. On retrouve la même disposition pour les autres colonnes de l’église
Les chapiteaux en forme de chapeaux, corbeilles ou pots de fleur, sont entourés de feuilles d’acanthe, d’artichaut, d’arum ou de consoude, dont la base est collée contre la corbeille et la pointe se recourbe sur les angles du tailloir (couvercle): une petite fleur ronde orne quelquefois le devant de la corbeille. Sculptés après l’achèvement du gros œuvre, dans un calcaire à grain fin du Parisis, ils couronnent agréablement les colonnes. Un des plus fouillés est celui qui est à gauche de la fenêtre centrale de l’abside (chevet 1. Il est formé de tiges et de fruits d’arum enroulés et réunis par des bagues perlées.
La nef est éclairée par six fenêtres latérales, et une plus grande à la façade, avec sommet en tiers-point et base à glacis; elles sont très ébrasées vers l’intérieur, avec encadrement de pierre de taille.
Le Portail:
Le portail a gardé son encadrement saillant et ses petits contreforts du XIème siècle. Mais l’ancien portail a été remplacé par un nouveau avec piédroits (montants) et voussures en tiers-point entre les deux petits contreforts, ces voussures sont formées de trois tores sur angles rentrants, retombant sur six colonnettes à tailloir qui se continue sur les montants du portail au-dessus d’un ornement en feuilles aplaties
La petite porte est du XVI siècle, avec arc en anse abaissé que surmonte un arc en mitre, au-dessus duquel est creusée une niche. (La statue de la Sainte vierge y a été placée pendant la guerre par M. Guilleminot)
Les voûtes:
La voûte se partage en autant de voûtains qu’il y a de travées ou croisées, chaque voûtain est une voûte d’ogives bombées à huit nervures et apparaît comme une voile tendue sur les médianes des quatre angles des arcs croisés et retenue à la base par les doubleaux, les formerets et les diagonaux. Ces médianes font en effet saillie ,au-dessus des voûtes (extrados) en arêtes de pierres qui se coupent à angle droit. Le voûtain est constitué par un blocage d’éclats de pierre, noyés dans un bain de mortier; ces pierres sont disposées en files régulières suivant les compartiments déterminés par les arcs diagonaux nord-sud contre ouest et est.
Jusque-là les architectes n’avaient pas dépassé 5m70 pour la portée des voûtes entre deux piles; à La Ferté, ils ont réalisé la portée de 9m80.
Pour le transept et le chœur, les voûtes sur croisées d’ogives de même tracé et facture que pour la nef, sont en matériaux de plus gros échantillons, sans arêtes arquées à l’extrados (en dessus), mais avec médianes bien apparentes en dessous surtout dans le chœur.
Le transept (Partie transversale de l’église):
Le transept comprend la croisée ou travée centrale qui fait suite à la nef et les deux croisillons, où travées des bras de la Croix; (croisillon nord. chapelle Saint-Joseph :croisillon sud, chapelle de la Sainte Vierge).
La croisée centrale exigea la construction de quatre piles (deux à la sortie de la Nef, deux à l’entrée du chœur). Elles ont les murs pour contrefort, et, à l’intérieur elles se traduisent par des piliers à trois colonnes adossées et six ou sept colonnettes séparées par des arêtes, pour recevoir les retombées de la voûte, où les nervures toriques, apparaissent plus fines que dans la nef, et dans tous les arcs du transept et du chœur.
Aux deux angles extrêmes de chaque croisillon, on éleva des piles formées de trois colonnettes à puissants contreforts extérieurs.
Les quatre doubleaux de la croisée centrale et les diagonales des deux croisillons sont formés de trois tores accouplés, les diagonales de la croisée centrale ont un méplat entre deux tores. Les quatre doubleaux ont, dans l’intérieur de la croisée centrale, un formeret torique.
Chaque croisillon reçut deux grandes fenêtres semblables à celles de la nef. Celle du pignon nord a été agrandie au XVIème siècle: elle comprend trois petits arcs en plein cintre portés par deux meneaux creusés de gorges et surmontés de quatre oculis (regards).
Absidiole (chevet rond) (annexes des croisillons)
Chaque croisillon reçut une absidiole semi-circulaire voûtée d’ogives reposant sur colonnettes avec contrefort extérieur. L’absidiole sud a deux baies et une baie aveugle en tiers-point, avec épaisses voussures en formeret. Un cordon en lamier entoure l’absidiole à la base des glacis des fenêtres.
L’absidiole nord, séparée du croisillon par la travée du clocher en baies à tiers-point, est semblable mais sans baie aveugle ; elle est surmontée de deux étages où l’on a accès par l’escalier du clocher.
Les deux absidioles ont une crédence encastrée dans le mur ; toutes deux sont couvertes, de toitures en dalles.
Le Chœur:
Le chœur comprend une travée droite entre les deux piliers du transept, et les deux qui se trouvent de chaque côté du maître-autel et l’abside (chevet) que soutiennent deux piliers à trois colonnes, à large contrefort extérieur.
L’abside comporte deux rangées de trois fenêtres: les plus hautes sont du XIème siècle, les inférieures plus grandes ont été percées au Xilème siècle, pour donner plus de lumière; elles sont encadrées d’une nervure torique retombant sur une colonnette dont la base repose sur un cordon en moulure qui fait le tour de l’hémicycle comme la ligne des tailloirs.
La crédence a été bouchée on ne sait pour quelle raison.
Nota: – En 1886, au-dessus des voûtes, un grand arc en briques, bandé entre les murs orientaux des croisillons, a été placé pour supporter le pignon oriental de la nef et éviter la poussée des charpentes sur les clefs de voûte. On a repris aussi les remparts des pignons du transept et la toiture en pierre des absidioles.
Le clocher:
Le clocher est formé de quatre piles qui, s’amincissant par des glacis à chaque étage, montent jusqu’à la hauteur du sommet des baies supérieures. Il fut construit avant 1140. On y accédait par un escalier en bois. Le baron Guilhermy, qui l’a vu, a écrit: «Dans le croisillon septentrional, un escalier tout à découvert, à montée droite, conduit au clocher; dans une large niche décorée de moulures et d’un pignon disposée pour recevoir un tombeau (XVème siècle). Le bedeau se souvient d’y avoir vu une statue de femme couchée, qu’il appelle la reine Alais ». (Bibliothèque Nationale collection Guilhermy, n. a. fr. 6. 100. p. 239-242.)De la niche et de la statue, il n’y a plus de trace.
L’escalier aboutissait à la porte aujourd’hui murée du premier étage (au-dessus de l’entrée de la travée du clocher).
Le premier étage, où l’on monte maintenant par un escalier extérieur du siècle dernier, est voûté et communique avec le premier étage de l’absidiole, dont on a cloisonné la baie, et qui a une demi voûte d’arêtes appuyées dans le mur et une fenêtre en plein cintre comme les fenêtres supérieures de l’abside.
Du premier étage où se sonnent les cloches, on passe au second par un escalier à vis, placé dans une tourelle supportée par un encorbellement circulaire, construite contre le flan nord du clocher et le contrefort ouest. Un berceau rampant en blocage recouvre l’escalier. Deux petits jours éclairent la montée.
Le deuxième étage non voûté, où se trouve l’horloge, et d’où part l’échelle qui va aux cloches, est éclairé par quatre baies en tire-point qui ont été raccourcies à leur base à la construction du deuxième étage de l’absidiole, où l’on pénètre par une petite porte basse pratiquée sous la baie qui est de ce côté. Cette partie de l’absidiole a été édifiée après 1140, pour y mettre en sûreté les objets précieux offerts au prieuré par l’abbé Thouin: elle est voûtée et éclairée par une lucarne qui donne sur la place du château. La baie nord est fermée par le cadran et une fenêtre. Trois petite cloches carillonnent les quarts, les demies, les moins un quart et les heures (moderne).
Une corniche à modillons sépare le deuxième étage du troisième.
Le troisième étage où se trouve les cloches (Scholastique, Jeanne d’Arc et Bernadette), est ajouré par huit baies géminées en tiers-point munies d’abat-son, ces baies sont formées par des arcs à double rouleaux, de section carrée qui retombent sur les pilastres de même plan: ceux-ci sont décorés d’un bandeau qui semble lier la naissance des arcs et qui a son semblable au faîte des contreforts comme pour servir de base au glacis (autrefois il y avait quatre cloches).
De ce bandeau part le quatrième étage couronné d’une corniche en alvéoles qui sert d’assise à la flèche. A chaque coin de l’assise, s’élève un clocheton (les Dames) à trois pans ornés d’une nervure ronde (boudin) que surmontent une grosse boule et une petite. Entre les clochetons est placée une lucarne à colonnettes, couverte d’un toit à fronton triangulaire orné d’une moulure.
Un tambour octogonal qui s’appuie sur des arcs de décharge, se dégage de l’étage supérieur pour supporter la flèche dont les huit arêtes toriques se rejoignent en fleuron, à 43 mètres de hauteur (comme la longueur de l’église). La croix de fer et le coq ont été ajoutés plus tard, pour remplacer la pomme de pin.
Tout le clocher avec sa flèche est en pierre taillée du Tertre. La légende de la flèche «qui a coûté cent sous » se rapporte sans doute à une réparation faite au temps de l’invasion anglaise.
Extérieur de l’église:
Les corniches (haut des murs) sont supportées par des modillons, qui présentent quelques figures grotesques, et des têtes d’animaux. Un petit jour rectangulaire éclaire les trois pignons.
Des traces de constructions attenantes à l’église se remarquent au contrefort oriental de l’abside, à l’entrée du clocher et à celui qui est à gauche de la petite porte de la façade.
Signes des ouvriers:
Des ouvriers maçons ont laissé des marques faites avec la truelle : se sont des A et L majuscules, la lettre R à l’envers, des carrés partagés par une croix, des étoiles, des cœurs, des croix sur base triangulaire, des pots à anse; se sont des points de repère pour l’âge des constructions: le même signe indique le même ouvrier.
Nota.-M Valentin de Courcel a publier dans le « bulletin monumental» de 1912, une étude sur l’église de La Ferté-Alais qu’il a fait tirer en brochure; après la conférence qu’il a donnée ici même en 1927, devant un groupe très nombreux des « Amis des Cathédrales » il m’a fait hommage de son travail. A mon tour de lui rendre hommage pour l’aide précieuse que j’ai trouvée à l’entendre et à le lire.
Aspect intérieur:
Nous aurons l’occasion de rappeler les réparations faites du XIl -ème au XIXème siècle et les choses disparues. Notons ce que l’on voit actuellement dans l’église: Les boiseries de la tribune, avec panneaux sculptés, représentant les douze apôtres et les deux statuettes en bois qui sont aux angles, proviennent de l’abbaye de Villiers-aux-Nonnains.
Sous M. l’abbé Jouvin (1880-1888) qui a fait construire la sacristie actuelle, ces boiseries disposées en cloison derrière le maître-autel, entre les colonnes des deux piliers qui ouvre l’abside, formaient la sacristie qu’éclairaient les trois fenêtres inférieures, depuis la destruction de l’ancienne sacristie sous la Révolution. Sur le dessus de l’avant était placé le reliquaire qu’on voit à la chapelle Saint Joseph, qui provient d’une chapelle disparue, qui contient des reliques de martyrs rapportées des catacombes au XVIIIème siècle (S.S. Celsa et S. dessous).
-De M.l’abbé Séjournant (1888-1898, datent la tribune actuelle, le maître-autel en pierre, la table de communion, les fonts baptismaux et le bénitier.
-De M. l’abbé Isbecque (1898-1906), datent la cave du calorifère, l’autel de la Sainte Vierge avec sa statue de la « Vierge à l’oiseau » et la grille de communion (Maison Haussaire de Reims). La mosaïque (Maison Ebel. de Paris), les vitraux de la chapelle (Maison Socard de Paris qui devait remplacer celui du fond), et les deux réduits des chapelles.
-Au même temps la chapelle Saint Nicolas est devenue la chapelle du Sacré-Cœur, où la statue du Sacré-Cœur a été transférée du croisillon nord: les statues de Saint Antoine de Padoue et de Sainte Julienne ont été placées dans la travée du clocher ; on a installé le système qui tinte la cloche sans monter au clocher: tout le transept a été carrelé. Les Beaux-Arts n’ont pas voulu laisser carreler en carreaux Blancs et noirs l’allée du milieu de la nef, sous prétexte que se serait trop de luxe pour une église de campagne.
-L’ancien autel de la Sainte Vierge (acheté en 1863) fut placé dans le croisillon nord pour devenir celui de Saint Joseph.
-La chaire, le banc d’œuvre, les stalles proviennent de l’abbaye de Villiers. La montre (tuyaux sans orgue) de la tribune provient de l’église Saint Martin d’Etampes.
-L’autel du Sacré-Cœur est un ancien coffre à archives (Henri IV) qui vient de l’étage supérieur de l’absidiole: il est orné de pilastres accouplés en forme de balustres finement décorés et d’un panneau représentant le sacrifice d’Abraham. Les croix qui sont peintes sur les piliers (rafraîchies par M. l’abbé Notte), datent de la consécration de l’église.
-Les deux tableaux du chœur (copie du Christ de Proud’hon et une Assomption) sont un don de Napoléon III. Dans la nef les (Anges de Carle Maratte) et deux tableaux de la vierge à l’enfant sont des dons de Mr Angot- (un volé en 1923).
Saint Bernard et Saint Vulfran sont un travail et un don des Sœurs de la Sainte-Enfance.
A remarquer:
-La porte du confessionnal de la chapelle de la Sainte Vierge; un petit tableau copie de la Vierge de Murillo (sans les Anges).
-Les lustres du chœur et de la nef sont des dons particuliers; ceux du transept ont été offerts aux noces d’or de l’abbé Sédillon en 1878 (1834-1880)-(disparus).
-Le chemin de Croix en plâtre, a été offert par Sœur Sédillon et érigé le 4 juin 1881.
-L’autel qui était à la chapelle de la Vierge avant 1863 est actuellement à Mondeville, où se trouve également les anciens fonts baptismaux de Baulne. (Archives de Mondeville).
Ces indications, puisées aux notes laissées par mes prédécesseurs, permettront de faire à l’église une visite intéressante. Notre église est le fruit de la piété des siècles passés. Que la génération actuelle soit digne des précédentes et les surpasse par son attachement à la maison de Dieu.
Chanoine J. Desgrandchamps.
Curé -doyen de La Ferté-Alais De 1911 à 1930








